La dynastie des Gabriel
du XVIe au XVIIIe siècles
Une dynastie d’architectes français originaires d’Argentan :
Jacques Gabriel (-1628), ou Jacques I Gabriel
architecte français, né à Argentan, fils de François Gabriel
architecte du château de Carrouges
et de l’ancien hôtel-de-ville de Rouen
Jacques Gabriel (1605-1662), ou Jacques II Gabriel
architecte français, né à Argentan, fils du précédent
frère de Maurice I Gabriel (1602-1649)
mort à Saint-Paterne-Racan
Jacques Gabriel (1630-1686), ou Jacques IV Gabriel
architecte français, fils du précédent
beau-frère de l’architecte Pierre Delisle-Mansart.
Jacques Gabriel (1637-1697), ou Jacques III Gabriel
entrepreneur, fils de Maurice I Gabriel
frère de Maurice II Gabriel (1632-1693)
Jacques Gabriel (1667-1742), ou Jacques V Gabriel
architecte français, fils de Jacques II Gabriel
Ange-Jacques Gabriel (1698-1782)
architecte français, fils du précédent
Ange-Jacques Gabriel est un architecte français né à Paris le 23 octobre 1698 et mort le 4 janvier 1782. Fils de Jacques V Gabriel (1667-1742), petit-fils de l’architecte Jacques Gabriel (1630-1686) et Premier architecte du Roi.
Ses réalisations et l’élégance de ses constructions le placent en qualité de chef de file du style classique français d’architecture dans le mouvement néoclassique du XVIIIe siècle qui se développe en Europe.
Dès 1730, Ange-Jacques Gabriel remplace Robert de Cotte, presque aveugle, comme architecte du château de Versailles pour le compte des Bâtiments du Roi.
En 1742, il devient Premier architecte du Roi et directeur de l’Académie royale d’architecture. Il jouit alors de la pleine confiance de Louis XV.
A Versailles, avec l’ornemaniste Jacques Verberckt, Ange-Jacques Gabriel crée le décor versaillais des années 1730 – 1760, caractérisé par le recours à des lambris blancs rehaussés d’or et disposés en panneaux étroits occupant toute la hauteur de la plinthe (avec parfois une cimaise très basse) à la corniche.
Louis XV décide en 1751 de reconstruire en totalité le château de Compiègne et le charge du projet. À partir des années 1760 et dans les années 1770 , Gabriel invente un décor plus sobre, inspiré de l’antique.
L’opéra royal de Versailles (1765 – 1770), œuvre majeure de l’architecte, la salle de bains de Louis XV, ou encore la bibliothèque de Louis XVI (1774) sont entièrement du nouveau style dit Louis XVI, avec retour à la ligne droite, colonnades et médaillons.
Dans ce nouveau style, le chef d’œuvre de Gabriel est incontestablement le Petit Trianon (1760 – 1764), destiné à Madame de Pompadour mais achevé après la mort de la marquise et dont le premier occupant sera Marie-Antoinette.
Petit château de campagne, le Petit Trianon présente l’originalité d’être construit à l’angle d’une terrasse, de sorte que deux des façades présentent un niveau de soubassement qui ne se retrouve pas sur les deux autres ; sur ces deux façades, l’ordre colossal se retrouve donc reposant directement sur le sol.
Vers 1771, Gabriel arrache à Louis XV l’approbation d’un projet de réfection complète des extérieurs du château autour de la cour de Marbre : le Grand Dessein. Il s’agit de rhabiller entièrement en pierre les façades brique et pierre, en supprimant les maniérismes baroques du Grand Siècle, qui apparaissent comme des fautes de goût aux yeux des architectes du XVIIIe siècle, et en remplaçant les combles apparents par des toits en terrasse.
Le projet est engagé et poursuivi malgré la mort de Louis XV en 1774 et le retrait de Gabriel en 1775, avant que le manque d’argent ne conduise à interrompre les travaux.
Jacques Gabriel – également désigné sous le nom de Jacques V Gabriel
(1667-1742). Élève et parent de Jules Hardouin-Mansart, père de l’architecte Ange-Jacques Gabriel, fut Premier architecte du Roi en 1735 et directeur de l’Académie royale d’architecture.
Principales réalisations :
- Hôtel de Varangeville (1704) ;
- plusieurs hôtels particuliers place Vendôme à Paris ;
- reconstruction du château de Compiègne avec son fils Ange-Jacques Gabriel ;
- construction des bâtiments de la Compagnie des Indes à Lorient ;
- reconstruction de la place de la mairie et de l’ Hôtel de Ville de Rennes ;
- une partie du Palais des États de Bourgogne à Dijon.
Il dessine les projets des églises de l’Hôtel-Dieu à Orléans, de l’Oratoire à Paris, et de la cathédrale Saint-Louis de La Rochelle. Il est également l’auteur du pont de Blois.
L’architecture classique française
Le style Gabriel
En architecture le style néoclassique s’inspire de l’antique. En France Ange-Jacques Gabriel, Premier architecte du Roi, est le remarquable chef de file de ce mouvement né au milieu du XVIIIe siècle au moment où le baroque perdait de son intérêt.
Le style de Gabriel s’est particulièrement bien exprimé à l’École militaire de Paris.
Il comprend :
- le temple au fronton triangulaire ;
- les façades inspirées de Palladio (villa La Rotonda) ;
- les colonnes antiques ;
- la colonnade double inspirée de Perrault ;
- la coupole quadrangulaire ;
- le portique grec.
Place de la Concorde
architecte : Ange-Jaques Gabriel
Paris, 1772
Place de la Concorde
architecte : Ange-Jaques Gabriel
Paris, 1772
École militaire
architecte : Ange-Jaques Gabriel
facade côté Champ-de-Mars
École militaire
architecte : Ange-Jaques Gabriel
façade côté place Fontenoy
Les inspirations
architecturales
du classicisme
Le Temple antique
Jacques-Ange Gabriel utilisera le temple sur différents sites de l’Ecole militaire : la façade du château, la rotonde, au centre des promenoirs de la cour d’honneur.
La façade inspirée de Palladio
Palladio, grand architecte italien de la Renaissance, a utilisé l’antique en définissant un plan classique du temple flanqué de part et d’autre de deux bâtiments en retrait.
Ange-Jaques Gabriel reprend les même idées pour la façade de l’Ecole militaire, côté Champ-de-Mars. Tandis que la façade principale, côté cour d’honneur, sera complétée par deux pavillons avancés à ses extrémités.
Temple de Mars Ultor
Temple de Mars Ultor
Villa La Rotonda
architecte : Palladio
Vicenza, Italie, 1566-1590